Etrange sculpture : "Chaos, reconstruction et enracinement"

Cette année, le 1er sujet de sculpture n'était pas simple ! On s'est toutes interrogées sur ce que l'on allait en faire !

Sujet : faire des empreintes dans la terre. Empreintes qui viennent s'incruster dans l'argile ou empreintes empruntées aux murs des Beaux-Arts, inamovibles. Puis monter une sculpture qui s'humanise.

Ahhh ! ?? Mince alors ! Comment fait-on ? où va-t-on? ... se creuser les méninges....

A moment donné il faut y aller ! Soit. Let's go !

C'est la terre qui m'a emmenée tout d'abord, parce que je ne voyais pas du tout où j'allais, même si j'avais une petite idée.

J'ai monté morceaux par morceaux "empreintés".

Jusqu'à il y a un mois, j'étais dubitative. j'ai même été stoppée, bloquée, et mécontente.

Un petit conseil du prof est venu à point, et là, déclic. je savais. Ce n'est plus la terre qui décidait mais moi. Je savais où et pourquoi tout était là, intimement lié.

L'intérieur : Des empreintes de tuyauterie de chauffage et des crémaillères de vieilles armoires. La tuyauterie, bousculée, dans tout les sens, comme le corps et l'esprit qui ont encaissés les coups dans la vie. Un peu cassé tout ça !

Les crémaillères, ossatures solides, toujours là pour tout tenir malgré tout. Et au milieu de tout ça, une oreille cachée au creux d'un simili-ventre.

L'extérieur : De la rondeur, de la douceur. Une enveloppe lisse. Des morceaux emboités les uns dans les autres. Un ventre, la courbure d'un sein. Sur ces courbes de fines racines, accrochées. Elles se déploient, montent, grandissent. Certaines se terminent sur le ventre où se forment quelques bourgeons, une feuille eclot.

Le ventre, c'est là que tout se concentre. L'énergie, le Qi. Pour moi c'est le centre de mes émotions, c'est là que je ressens tout en 1er. La joie, la peine, le stress, la tendresse, l'amour, le désir, la colère, la douleur.Dans ce ventre, l'oreille. Pour écouter, être à l'écoute de soi-même pour ensuite être capable d'être à l'écoute des autres, correctement.

Pour compléter ce tout, une chevelure "à la Gaudi" paraît-il ! ;) Empreintes de branches bourgeonnées, végétalisation, vagues qui ondulent et donnent du mouvement à l'ensemble.

Cette sculpture, j'y ai mis beaucoup de moi, comme à chaque fois finalement. Rien d'innocent !

De la casse à l'intérieur, de la douceur, de l'envie de sérénité, de construction et de solidité, de tendresse à l'extérieur. ça pousse, ça grandit, ou se perd dans des méandres. Envie d'avancer malgré les aléas, les doutes et les douleurs. Comme une terre dévastée par la lave du volcan, la nature reprend ses droits et renait de plus belle.

C'est probablement ma route. celle de tous peut-être...

J'aime la sculpture pour ce qu'elle permet : exprimer ce que l'on ne peut pas toujours. Pas de hurlements de joies ou de douleurs, tout va dans la terre.

Merci à Jean-Luc Bari de nous donner des sujets complexes, défis. Et de nous pousser à chercher, explorer. J'ai adoré mener cette sculpture jusqu'au bout.

Dans quelques temps, après son biscuitage, j'émaillerai l'intérieur, ainsi que les racines, de la patine pour les rondeurs et courbes... à suivre.

La voici donc "Chaos, reconstruction et enracinement" sous toutes les coutures !

Que voyez-vous donc dans cette sculpture ?

pour ceux et celles qui ont eu le courage de lire ma prose ;))) ...